Judith Kaantor plasticienne

Judith Kaantor     plasticienne

Dans la rue de Bluesville, texte de Carole Ménahem-Lilin

Dans la rue de Bluesville

l'amour sort chapeauté,

son regard étonné

accroché par un fil,

accroché

à la femme éthérée

qui, devant lui, balance

ses doux accroche-coeurs

contre le mur sans fin

de 1940

 

En quarantaine

dans la rue de Bluesville

le roi de coeur

et Minie mouse

se

croisent sans se reconnaître

comment peut-il en être

autrement

quand on croise, en quarantaine,

sur les vagues du mur sans fin

de la rue de Bluesville?

 

tandis que le roi,

seul pourtant à capter l'horizon à l'abri de ses cartes,

se cache sous son béret (béret noir sur jaquette rose),

 

Minnie, elle, arbore

ses belles oreilles de guingois,

et marche en orteils bleus dans une flaque très lumineuse-

sanglante aussi, un petit peu, la flaque...

qu'y faire, mon âme ?

rien.

poursuivre, en orteils bleus, son destin petit pas...

 

ainsi,

la femme, l'amour, Minnie,

continuent d'arpenter

la rue de Bluesville

et son interminable mur

très nu,

 

Et les rois, même de coeur, se taisent,

car la quarantaine,

la quarantaine...



24/09/2010
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