Judith Kaantor plasticienne

Judith Kaantor     plasticienne

TEXTES

 Textes du jour, prose ou poèmes, choisis au fil de mes lectures.


Ezra Pound - Mauberley

Moluques éparses                                                      

Ne sachant, jour après jour,                                       

La fin du premier jour, au proche midi ;                    

L'eau placide                                                               

Non brisée du Simoun ;                                              

 

Feuillage épais                                                            

Placide sous les soleils chauds,                                   

Rives fauves                                                                

Lavées du cobalt des oublis ;                                                                  

 

Ou à travres le brouillard de l'aube

Le gris et le rose

Des flamants

Juridiques ;

 

Une conscience éparpillée

N'étant que cette série

Effacée

D'intermittences ;

 

Esquif des voyages du Pacifique,

La plage inattendue ;

Puis sur un aviron

Lire ceci :

 

"J'étais

Et n'existe plus ;

Ici dériva

Un hédoniste."

 


04/03/2012
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Jean Giono - Jean le Bleu

«  Quand on a le souffle pur, disait mon père,  on peut autour de soi éteindre les plaies comme des lampes.

Mais je ne savais pas, je disais :

-Si on éteint les lampes, papa, on n’y verra plus.

A ce moment, les yeux de velours restaient un moment immobiles et ils regardaient au-delà de ma glorieuse jeunesse.

-C’est assez juste, répondait-il, les plaies éclairent. C’est assez juste. Tu écoutes beaucoup Odripano. Il a fait ses expériences. S’il peut rester jeune au milieu de nous, c’est parce qu’il est poète. Tu sais ce que c’est la poésie ? Tu sais que ce qu’il dit c’est de la poésie ? Tu le sais, fils ? Il faut le savoir. Maintenant, écoute, moi aussi j’ai fait mes expériences, à moi,  et je te dis qu’il fait éteindre les plaies. Si, quand tu seras un homme, tu connais ces deux choses : la poésie et la science d’éteindre les plaies, alors tu seras un homme. »


26/02/2012
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"Le serpent d'étoiles", Jean Giono

Il est venu le grand silence. Le récitant est sans paroles, là-bas, entre les feux.

Il vient de dire les mots qui doivent faire naître l'homme. Le drame a besoin d'un homme avec ses terreurs, l'un de ceux d'avant les eaux, aux larges yeux tremblants comme des abeilles, à la bouche ouverte sur son extase.


21/02/2012
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